mercredi 19 novembre 2014

Portrait de Coline... Maman de jumeaux garçon/fille nés en 2011


  • Bonjour Coline, Qui êtes-vous ?

-          Bonjour, je m’appelle Coline, j’ai 23 ans et nous habitons dans une petite ville entre Toulouse et l’Espagne. Avec Jérôme, mon compagnon, nous avons eu des jumeaux en 2011. Un garçon, Yann, petit brun aux yeux bruns très porté sur les Comics, et amoureux de sa maman, et une fille Anaïs, très charmeuse, blonde aux yeux bleus et amoureuse de son papa.

  • Comment avez-vous appris que vous alliez avoir des jumeaux ? Et comment avez-vous réagit ?

-          Tout commence début 2010, alors que je suis très jeune, l’envie de materner se fait d’un seul coup très forte, je pense avoir rencontré 1 an auparavant l’homme et le père idéal pour mon enfant. D'ailleurs, je tombe enceinte assez vite, au mois de Mai 2010. Un matin, alors que cela faisait quelques jours que je me sentais vraiment malade, j’ai donc fait un test : Il était positif et notre souhait allait donc commencer à prendre forme. Après l’avoir annoncé au papa (avec le recul, je me dis qu’annoncer une telle nouvelle à son travail – il était alors serveur – n’était peut-être pas la meilleure idée que j’ai eu), j’ai été me faire prescrire une prise de sang effectuée le jour même. Lorsque quelques jours plus tard, le laboratoire m’a appelé pour confirmer ma grossesse, l’homme que j’ai eu au téléphone m’a conseillé de prendre très vite rendez-vous avec mon gynécologue. En effet, il m’assure que je suis enceinte, soit depuis très longtemps soit qu’il y a plusieurs « bébés là-dedans ». Je raccroche, je rigole. Je me dis que ça doit faire surement 2 mois que je suis enceinte, vu mes cycles menstruels chaotiques. Mon conjoint pense la même chose, et nous plaisantons sur le sujet toute la journée, jusqu’au moment où mon père m’emmène à la première consultation le soir même. Je m’allonge et écoute mon gynécologue qui ne trouve d’abord qu’une seule poche. Il commence à essayer d’estimer la grossesse lorsque je l’entends dire « Ah ». Je crois que ce simple « Ah » je m’en rappellerai toute ma vie. « En voici un deuxième, assez éloigné, ce qui explique pourquoi je ne l’avais pas vu, attendez je regarde s’il y en a pas un autre ! ». Je reste bouche bée devant l’écran et me demande si ce n’est tout simplement pas lui qui voit double. Je fonds en larme instantanément car nous n’avions pas du tout prévu d’en avoir deux d’un coup. Le gynécologue, me voyant complètement paniquée, me demande si cette grossesse est désirée. Je pense que j’ai du très mal lui parler. Entre deux pleurs j’arrivais à articuler: « Oui », « Non je ne veux pas avorter », « Oui je suis contente ». J’avais la paume des mains qui couvrait mon visage et je me demandais si tout ceci était une blague. Lorsqu’il précisa chercher: « Au cas où il n’y en aura pas un 3e », ma réaction fut très spontanée : J’ai presque crié un « Non » plaintif et colérique à la fois. Quand il eut fini de m’ausculter, j’avais repris mes esprits et une fois bien assise, je ne mesurais toujours pas ma chance, notre chance. Après l’avoir annoncé à toute ma famille, au bout du 150e appel, je commençais à réaliser. La plupart du temps, les gens étaient réellement stupéfaits et lâchait le téléphone en appelant tous ceux qui étaient près d’eux pour leur annoncer. Si je souhaitais être discrète, c’était raté. Encore une fois, j’allais voir le papa en plein travail avec toutes mes chouettes photos (de ronds, car au début on pourrait croire que nous sommes enceintes de ronds tellement les images sont abstraites). Sa réaction ? Il m’écouta attentivement, comprit à l’aide des images et reprit son travail. Comme si de rien n’était. En fait, il était devenu très pâle et ne dit plus un mot. Je pense qu’il était choqué. Bon, il n’est pas resté bloqué très longtemps, depuis il est redescendu, je vous rassure. Bref, nous étions au début très inquiets, mais grâce aux paroles réconfortantes et aux témoignages de plusieurs parents (pas forcément de multiples) nous avons commencé à mesurer notre chance. Le papa était surtout inquiet sur la logistique, l’organisation et, je l’en remercie, sur mon état de santé.

  • Aujourd’hui quand vous y repensez quel est votre sentiment ?

Aujourd’hui nous sommes très fiers de nos enfants. Car ce sont eux qui nous font sentir uniques en tant que parents. Même si, à la naissance, c’est la plongée totale dans l’inconnu et que notre fils Yann a connu une opération de l’estomac à 1 mois, nous ne regrettons pas un seul instant de les avoir avec nous. Néanmoins, je me demande toujours comment avons-nous fait pour tenir un rythme aussi intense tout en ne négligeant pas notre famille, nos amis et surtout notre couple. Ce qui est génial c'est que tout le quartier les connait, les adore. Ils sont un peu la mascotte des personnes âgées de l’immeuble et ce n’est pas rare que des personnes que nous ne connaissons pas plus que ça leur offrent toutes sortes de cadeaux. Bref, en un mot, on oublie très vite les tracas du début. Quand des parents nous félicitent pour les élever, je réponds souvent qu’il n’y a rien de si exceptionnel à s’occuper de deux enfants en même temps, surtout que nous n’avions pas d’autres enfants avant. Donc pour nous, tout ceci est devenu  normal pour nous. 
  • Comment ça se passe aujourd’hui ?

Ils sont scolarisés dans la même classe pour la 2e année consécutive (ils ont bénéficié d’un programme de l’état qui consistait à ouvrir une « pré-maternelle » pour les enfants trop grands pour la crèche, trop petits pour la PS) où ils se sont éclatés. Cela leur a fait prendre conscience qu’ils ont le droit d’avoir des activités différentes sans trahir l’autre. Leurs petits copains ont adoré le fait qu’ils soient jumeaux et ont posé beaucoup de questions à la maîtresse. A presque 4 ans, nous avons des enfants plein de vie, avec des caractères bien trempés. Je dirai que ma fille a plus de mal à laisser son frère s’épanouir de son côté, elle le laisse faire, mais a toujours un œil sur lui. Elle aime mener son petit monde à la baguette. Quant à Yann, il est très apprécié de ses copains, mais peut lâcher tout le monde s’il entend que sa sœur à un problème. C’est assez hallucinant comme relation, je crois que personne, à part eux, ne peut réellement exprimer le lien qui les unit. Cela va au-delà d’une simple fraternité.
Comme tous les enfants, ils sont parfois très pénibles. Ils usent et abusent du fait d’être 2, ils ont parfaitement compris la force que ça leur amène, et ils ont fait beaucoup de bêtises à deux. Ils se disputent énormément, mais ne peuvent pas se passer l’un de l’autre. Leurs réflexions sont souvent sujettes à d’énormes fous rire à la maison, notamment quand ils ne comprennent pas pourquoi les autres ne sont pas nés à 2. Je crois qu’ils arrivent à un âge où ils commencent à peine à comprendre leur spécificité. Quant à nous, pas question de mettre en route un éventuel 3e enfant pour l’instant, car 2 enfants de 3,5 ans, ça demande beaucoup plus d’énergie et de patience qu’un nouveau-né contrairement à ce que nous pensions.
Enfin, au niveau du quotidien de parents de jumeaux, il y a des choses à gérer que je ne soupçonnais pas il y a encore 2 ans ! Par exemple, lorsqu’il y a un paquet de céréales avec un cadeau unique, c’est un vrai calvaire de devoir décider à qui il revient et de faire en sorte que l’autre enfant comprenne et patiente jusqu’au prochain paquet de céréales. Je fais attention à acheter des paquets de gâteaux à nombres pairs pour la simple et bonne raison que lorsqu’il reste un seul kinder, c’est le dilemme ! Dans ce cas, je me dépêche de le manger pour clore l’histoire.
Bref, c’est souvent très drôle pour la famille de constater les subterfuges qu’on est obligé d’utiliser pour contenter chaque enfant. Je crois que le plus dur est d’arriver à combler nos enfants sans avoir l’impression qu’aucun n’ait été lésé ! 

  • 3 conseils pour les futurs parents? :

-       Ne pas négliger la préparation de l’accouchement : Au niveau administratif d’abord, car il convient de s’assurer que tous les organismes ont bien compris qu’il s’agissait d’une grossesse gémellaire ! Scruter les termes de votre contrat mutuelle, vous avez surement le droit à une aide-ménagère à la naissance, ce qui est loin d’être un luxe les premiers jours ! Faire une pré-déclaration conjointe à votre mairie est aussi un gain de temps. Ensuite au niveau des parents, je pense que la préparation à l’accouchement est une nécessité absolue. Personnellement, je l’ai fait à la maison, avec une sage-femme géniale qui a permis au papa de se sentir complètement impliquée dans la grossesse. Nous y avons consacré du temps mais nous ne regrettons pas car nous elle nous a donné des indications pour trouver les positions exactes de chaque bébé, et ainsi de savoir qui donnait des coups de pieds ! Je dirai, sans mauvais jeu de mots, que c’est un bon pied à l’étrier.

Ne pas refuser l’aide qui vous ait proposée : Dons de vêtements, peinture des chambres, visites à domicile … Autant de petits plus qui vous feront économiser du temps, de l’argent et surtout des forces. Scruter les promos des couches sur Internet, et les accumuler bien avant la naissance. Vous, la maman, vous devez vous reposer pendant que les autres travaillent. Vous pourrez donner vos ordres tout en ayant bonne conscience.
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      Ne pas négliger le papa : Toute l’attention constamment portée sur nous, ça peut être très dur à vivre pour le papa. Il faut qu’il continue ses activités et loisirs comme avant, et que vous sachiez lui aussi, l’écouter et le soutenir. Car voir sa femme enceinte de 8 mois de jumeaux (avec tous les soucis de santé majeurs ou mineurs que ça peut  entraîner) ça peut être assez déroutant pour eux. Comme je le disais plus haut, les faire participer à certains ateliers prénatals peuvent être un bon moyen de les impliquer dans la grossesse. Je me souviens que la sage femme qui me suivait à expliquer à Jérôme les montées d’hormones chez une femme enceinte et l’ascenseur émotionnel qui l’attendrait à la naissance. En quelques sortes, lui aussi a eu sa préparation ! Ça lui a permis d’être conscient de ce qui allait concrètement se passer à la naissance. 

  •  3 conseils aux jeunes parents :

-          Ne pas se mettre la pression : Si le balai n’est pas passé, si les vitres ne sont pas faites, personne ne vous en voudra. Le ménage, c’est peut-être  le dernier truc qu’on a envie de gérer quand on vient tout juste d’être parents. On a toujours l’impression de faire tout mal mais avec jusque 16 biberons par 24 heures selon les bébés, on ne peut pas tout faire. Pas de panique. D’abord on se repose et ensuite on s’y met.

-        Même si ce n’est pas évident les premiers temps, prendre du temps pour soi et pour son couple est, à mon humble avis, une des clefs du succès. Un massage, un petit resto, un weekend … Juste lire un bon livre, au calme sans culpabiliser de laisser vos enfants à des gens de confiance qui souvent se feront une joie et une fierté de les garder. Ainsi, vous reviendrez vers vos deux bébés plus reposée et plus détendue; ils le ressentiront sûrement !
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-       Enfin et, c’est très personnel : Arrêter de les appeler tout le temps « les jumeaux »  vous, les autres, la famille… Cela nous arrive encore parfois de les appeler ainsi, mais on s’efforce de les appeler chacun par leur prénom de façon à ce qu’ils ne soient pas catalogués uniquement comme des jumeaux mais bien comme deux personnalités bien distinctes.



Pour finir, c’est une expérience magnifique que de voir deux petits êtres liés à jamais par une sorte d’alchimie dont nous, parents, ne pourrons jamais mesurer l’intensité !

A nous de leur rappeler que nous les aimons au singulier, même si être parents de jumeaux c’est une façon de se sentir nous aussi vraiment originaux !










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